Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/141

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constitue le protestantisme, de prétendre fixer arbitrairement les bornes d’un pouvoir divin, d’en combattre l’influence, d’en restreindre l’exercice et de se déclarer juge de sa propre obéissance. Assez de trônes ont tombé par l’application de cette théorie à l’ordre civil, pour que les princes dussent au moins se défier un peu de ses conséquences. Elle détruiroit également la société religieuse, si l’Eglise pouvoit être détruite ; et c’est pourquoi les plus habiles et les plus sages d’entre les protestants, Mélanchton, Calixte, Grotius, Leibnitz surtout, se sont montrés si favorables à l’autorité du pape, dont ils sentoient profondément l’indispensable nécessité pour le maintien de la foi et pour la conservation de la société européenne.

Elle n’étoit point, quoi qu’on ait dit, une production du génie de l’homme, le résultat des prévoyances, des volontés, des combinaisons de quelques puissants esprits, mais l’œuvre du christianisme qui, surmontant au contraire la continuelle résistance des hommes, perfectionnoit sans cesse les mœurs, les lois, les institutions : et lorsqu’on réfléchit à l’immensité des obstacles qu’il eut à vaincre pour opérer cette grande régénération, ce n’est pas la lenteur du succès qui étonne, mais plutôt son étendue et sa rapidité.

Quand Jésus-Christ parut, le monde alloit périr ; il succomboit visiblement à une double cause de mort, l’erreur et