Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/153

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pouvoirs indépendants sont établis, il n’existe non plus aucune vraie société ; l’état est perpétuellement en proie à la lutte intestine des intérêts divers qui cherchent à prévaloir. Tous se défendent, tous attaquent ; la pensée de chacun, son désir étant le seul droit, nul n’est lié envers autrui dans l’ordre politique, et les troubles succèdent aux troubles, les révolutions aux révolutions, jusqu’à ce que cette démocratie de sauvages policés enfante avec douleur un despote.

Or, que l’on compare un pareil désordre, inouï même dans le monde païen, avec l’institution européenne telle que le christianisme tendoit à la former et l’avoit déjà réalisée en partie ; que l’on compare l’action des deux souverainetés contraires, le principe de justice et le droit de la force ; que l’on compare enfin, dans leurs effets, les systèmes dont l’un tira la société du chaos, et dont l’autre l’y a replongée : et qu’on juge auquel les peuples doivent le plus de reconnoissance.

Mais c’est bien, en vérité, des peuples qu’il s’agit pour ceux qui se disent leurs défenseurs : les gouverner à leur profit, avec une verge de fer en les abusant, en les enveloppant d’un nuage de préjugés et de mensonges : voilà tout le secret de leurs déclamations, de leurs calomnies, de leur haine contre les papes et contre le christianisme, comme aussi de leur fureur q