Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/169

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profondément dès sa naissance. Chacun dès lors n’ayant non plus pour s’assurer de l’avoir trouvé que le jugement faillible de sa raison, contredit par la raison également faillible de tous les autres, tant de recherches, tant d’examens, tant de jugements divers ne pouvoient produire qu’une incertitude universelle, et le christianisme restoit plus que jamais, pour nous servir de cette expression de Pascal, une énigme indéchiffrable. ce n’est pas tout, et le principe que les protestants furent forcés d’admettre en se séparant de l’Eglise, les pousse encore à des extrémités plus grandes ; il les contraint de dénaturer l’idée même de religion. Suivant la notion que le genre humain s’en forma dans tous les temps, la religion est une loi divine, prescrivant ce qu’on doit croire et ce qu’on doit pratiquer. Venant de Dieu originairement, elle ne sauroit à aucune époque être soumise, dans ses dogmes, dans son culte, ou dans ses préceptes, au jugement de l’homme, puisqu’elle cesseroit dès lors d’être loi, et qu’il seroit d’ailleurs absurde de supposer à l’homme le droit de juger, pour les admettre ou les rejeter à son gré, les vérités que Dieu lui révèle, ou les commandements qu’il lui fait. Or le protestantisme, comme il nous l’apprend lui-même, est, en matière religieuse, l’acte d’indépendance de la raison humaine. la