Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/210

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dérivée de Dieu, établie pour maintenir l’ordre, et assujettie, dans son exercice, à la loi donnée primitivement au genre humain : et lorsque cette loi de justice éternelle a été fondamentalement violée, lorsque l’ordre a paru attaqué dans son essence, ils ont cessé de reconnoître le droit dans ce funeste usage de la force ; et toutes les fois que la souveraineté s’est ainsi affranchie de l’obéissance à Dieu, ils se sont crus dégagés eux-mêmes de l’obéissance envers elle. Il ne s’agit pas de savoir si les peuples, qui ont aussi leurs passions, ne furent point, en beaucoup de circonstances, égarés par elles. Laissant à part la discussion des faits particuliers, nous constatons un fait universel, perpétuel, et par conséquent une loi indestructible de l’ordre moral. Or, il est de fait qu’en tous temps, en tous lieux, le pouvoir injuste, oppressif, qui, gouvernant par ses seuls caprices, a foulé aux pieds la loi de Dieu, n’a plus été dès lors regardé comme pouvoir, et que, le supposant déchu, en vertu même de l’institution divine, la société s’est cru le droit, pour assurer son existence, de lui substituer un vrai et légitime pouvoir, ou un pouvoir conservateur : et quand ce sentiment des devoirs des souverains, ce sentiment du juste et de l’injuste, s’est éteint dans un peuple, comme