Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/232

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c’est toujours le cri des juifs : non habemus regem, nisi caesarem ! mais les païens mêmes auroient rougi de dire qu’on doit, par ordre de Dieu, obéissance à un prince ennemi de Dieu, et persécuteur de ceux qui lui demeurent fidèles : et il ne sert de rien d’ajouter que cette obéissance est due seulement dans l’ordre civil et politique, car un prince ne peut, comme prince, être tyran, impie, persécuteur, que dans l’ordre politique et civil. De pareilles maximes, quelque autorité qu’on leur prête, ne trompent point la conscience des peuples ; mais elles endorment celle des rois d’un sommeil funeste, et l’on sait ce qu’il arrive alors.

Remarquez cependant cette expression prodigieuse : nous refusons, non seulement au pape, mais à l’Eglise universelle, aux conciles oecuméniques, le pouvoir, etc. Et qui êtes-vous donc pour refuser, ou pour accorder quoi que ce soit à l’Eglise universelle ? Tout ce qu’elle a ne le tient-elle pas de Dieu seul ? Vous croiriez-vous permis de lui ravir quelques uns de ses dons ? Ou avez-vous un autre moyen de les connoître que son témoignage ? Mais il falloit nécessairement en venir jusqu’à cet excès, puisque enfin l’Eglise universelle n’a cessé de s’attribuer et par ses actes, et par ses décisions, long-temps reconnues des princes mêmes, le droit que