Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/330

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’on ne néglige aucune précaution pour empêcher partout l’expression du vœu général. Que les ministres viennent donc encore nous parler de leurs bons désirs, arrêtés, disent-ils aux simples, par mille obstacles que l’on ignore : qui pourroit être dupe d’un pareil langage ? Ils ne trompent que ceux qui sont résolus à se laisser tromper. L’obstacle, l’unique obstacle est la volonté des hommes qui gouvernent, les ménagements qu’ils croient, pour leur intérêt, devoir garder avec la révolution.

N’ont-ils pas besoin d’être soutenus un peu de tous côtés ? La religion, c’est quelque chose ; mais leurs places c’est tout. Dans l’embrasement de sa ville, énée emportoit ses dieux : dans l’incendie de l’Europe, ils songent à leurs portefeuilles.

Mais enfin les fonds, où les trouver ? J’entends.

On a des fonds pour encourager un pernicieux agiotage ; on a des fonds pour les théâtres, pour amuser le peuple et pour le corrompre ; on n’en a point pour le rappeler aux devoirs que chaque jour il oublie davantage, pour réformer ses mœurs, pour le tirer de sa brutale ignorance, pour l’instruire des vérités qui sont le fondement de l’ordre social.

Là où manquent les prêtres, on est forcé de les remplacer par des gendarmes. Mais des gendarmes répriment les délits, et des prêtres les préviennent ; des gendarmes assurent l’action du glaive de la justice, et des prêtres assurent son