Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/38

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Toujours et nécessairement la révolution, commencée dans l’église, passe ensuite dans l’état, qui à son tour l’achève dans l’église. C’est ainsi qu’on a vu naître et s’établir en Europe, avec des gouvernements ou despotiques ou républicains, les religions nationales ou civiles, qui ne sont qu’un athéisme déguisé.

L’égalité absolue, ou la destruction de toute hiérarchie sociale, ne laissant subsister d’autres distinctions que celles de la fortune, produit une cupidité extrême, une soif insatiable de l’or ; car, quoi qu’on fasse, les hommes veulent s’élever, c’est-à-dire se classer : et comme la richesse participe elle-même à la mobilité du gouvernement et de la société entière, elle devient corruptrice au plus haut degré. Les désirs sans bornes et sans règle se précipitent vers tout ce qui promet cet or, seule noblesse désormais, seul honneur, seule considération ; et dans ce mouvement rapide, le temps manquant à tous pour apprendre à posséder, tous se jettent dans les jouissances avec une sorte de fureur. Nulle prévoyance pour les siens, nulle pensée d’avenir ; le présent est tout pour l’homme concentré dans l’abjection des sentiments personnels, et les lois et les mœurs tendent de concert à l’anéantissement de la famille.

Dans le désordre universel, chacun cherche avec anxiété