Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/47

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les consommations de la guerre. On achètera pour les revendre des créatures humaines, et nul ne s’en étonnera ; que sait-on si, au contraire, on n’y verra pas un progrès de l’industrie, qui pourra figurer dans le tableau de la prospérité nationale. Il y aura dans les âmes un tel avilissement, que l’on ne comprendra plus aucun sentiment noble, et que la simple probité deviendra presque incompatible avec tout ce que le pouvoir exigera de ses agents, suivant les moments et les circonstances. Ce sera, certes, une grande affliction pour les honnêtes gens qui aiment les places. Afin de sortir de cet embarras, ils sépareront ingénieusement l’homme public de l’homme privé ; de sorte qu’en demeurant irréprochable comme homme privé, on pourra, comme homme public, être en sûreté de conscience et d’honneur le dernier des misérables.

Cette heureuse distinction une fois établie, l’administration marchera sans gêne : certaine d’être obéie, elle pourra tout commander, même les plus révoltantes vexations, même les plus viles pratiques. Rien désormais ne sera respecté : les confidences intimes de la confiance et de l’amitié, les secrets des familles, tout ce qu’il y a de plus sacré sur la terre, sera violé impudemment pour tranquilliser une lâche défiance, ou pour satisfaire une infâme curiosité.

Cependant la politique, bornée aux intrigues