Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/68

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celui de la présence réelle… Il ne s’agit pas de savoir si la religion est vraie, il s’agit de savoir si elle est nationale [1]. »

Quoi ! Que Jésus-Christ soit ou non présent dans les hosties consacrées, il suffit que le roi, la famille royale, les grands corps politiques et judiciaires, croient à la réalité de cette présence, pour qu’on puisse justement condamner au supplice des parricides un malheureux qui n’aura, selon vous, manqué de respect que pour un morceau de pain peut-être ! Et ce qui passe tout le reste, on soutiendra cette doctrine pour maintenir l’athéisme légal, pour qu’on ne puisse pas dire que la loi reconnoît une vérité, renferme la profession d’un dogme ! On craindra moins de tuer politiquement l’homme, que d’avouer légalement Dieu ! Enfin voilà le langage qu’on osera tenir à la face de la France et de l’Europe ; voilà les maximes du ministère dans le royaume appelé très chrétien [2].

  1. L’Étoile du 14 avril.
  2. Nous voudrions pouvoir citer ici en entier l’admirable discours prononcé par M. Duplessis de Grenédan : mais ce que nous ne pouvons faire, c’est l’accueil que ce discours a reçu dans la Chambre. Un homme monte à la tribune pour y faire entendre une voix éloquente, qui part d’une conscience incorruptible. Quelques députés quittent leurs bancs, et s’approchent pour écouter ; les autres l’interrompent par le bruit de leurs conversations. L’orateur s’arrête, regarde froidement les interrupteurs, et continue. Il parloit pour défendre Dieu, la religion, la vérité, tout ce dont on ne veut plus. « Un mouvement d’impatience, dit un journal (le Drapeau blanc), se manifeste dans l’assemblée ; les cris : Assez ! assez ! se font entendre : les bancs se dégarnissent ; l’orateur descend de la tribune. » Si l’on ajoute que cet homme, d’un haut talent, est un des plus beaux caractères des temps modernes, on comprendra tout ce que révèle la scène que nous venons de rappeler.