Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/70

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morale, déjà certes assez ébranlé par nos opinions et par nos mœurs. Mais enfin admettre des vœux, c’eût été faire une brèche à l’athéisme légal, qu’il faut sauver avant tout ; point de vœux donc, et, comme dit le ministre, l’état ne s’en mêlera pas : ce sont des choses d’un ordre plus élevé, qui se passeront entre la conscience et Dieu. Et toutefois qu’une pieuse fille s’engage devant Dieu à garder, suivant le conseil évangélique, une perpétuelle virginité, l’état, qui ne se mêle point de vœux, lui ravira les droits dont jouissent les autres membres de la société, tout prêt à les lui rendre, il est vrai, si elle sortoit du cloître pour entrer dans un lieu de prostitution. C’est la première fois que, chez aucun peuple, les lois, s’armant de rigueur contre les plus sublimes dévouements, se soient effrayées de la vertu [1].

Déclarée par l’état indifférente ou fausse, la religion est encore exclue, sous un autre rapport, de l’ordre politique. Quelle influence y exerce-t-elle ?

Quels droits lui reconnoît-on ? Assurément

  1. Il n’est pas inutile de remarquer, comme un trait caractéristique de l’époque actuelle, que cette loi a été adoptée sur deux rapports, dont le premier la qualifie de dérisoire et de cruelle, et le second d’incohérente et de révolutionnaire. Un seul fait semblable en dit plus sur l’état de la société, que des volumes de réflexions.