Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/82

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introduit dans la masse du corps social, le corps social s’est au contraire entièrement séparé de la religion. Il y a maintenant deux sociétés, non seulement distinctes, mais armées l’une contre l’autre : la société des hommes sans Dieu, dont presque partout les systèmes prévalent dans le gouvernement et l’administration ; la société des chrétiens unis sous l’autorité de l’église, et qui, pour maintenir sur la terre une foi, un culte, un ordre moral, sont forcés de lutter sans relâche contre l’athéisme politique et ses conséquences.

De là les prodiges de zèle qu’on admire avec raison ; et de là aussi les maux extrêmes que produit nécessairement une oppression légale et une persécution savante. Qu’en cet état les esprits soient agités d’une inquiétude vague, cela se conçoit ; on n’est pas à l’aise dans le vide : mais que cette inquiétude les pousse à de hautes contemplations, on en douteroit fort, si celui qui l’affirme n’avoit plus qu’un autre le droit d’être cru, toutes les fois qu’il s’agit de contemplations élevées.

à cause de l’abaissement où on l’a réduite, des attaques dont elle est l’objet, des sacrifices mêmes attachés à la pratique sincère de sa doctrine et de ses commandements, la religion peut-être exerce aujourd’hui une action plus forte sur la portion des peuples qui lui est demeurée vraiment fidèle : mais le nombre des chrétiens a diminué depuis un