Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/97

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Pour quiconque est capable d’assembler deux idées, il est clair qu’à la place de la monarchie chrétienne, dont la révolution qui travaille l’Europe a fait disparoître jusqu’aux dernières traces, nous avons un gouvernement démocratique par essence, mais qui tient de son origine et des circonstances de sa formation un caractère particulier. Car on se tromperoit prodigieusement si on le comparoit à certaines démocraties que des causes naturelles avoient établies dans le sein de la chrétienté, et qu’on pourroit appeler légitimes.

Elles n’étoient, à vrai dire, que des communautés indépendantes où chacun avoit apporté et conservoit des droits égaux ; une réunion de familles liées par les mêmes intérêts, et qui, selon des règles convenues, administroient en commun la chose publique. La raison conçoit très bien une semblable forme de police, dans un petit état où règnent des mœurs simples, maintenues par une foi simple comme elles.

La démocratie de notre temps, toute différente par son principe, repose sur le dogme athée de la souveraineté primitive et absolue du peuple.

Considérées en elles-mêmes, nos institutions, sur lesquelles des discoureurs peuvent faire des phrases et bâtir des systèmes sans fin, ne sont évidemment que des conséquences de ce dogme absurde. Il règne dans les esprits, il est l’âme de la société et le