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Page:Defoe - Lady Roxana.djvu/324

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cieusement et en moi-même, soyez-en sûr. Cependant, pour répondre à mon amie la Quakeresse, je lui fis une question ou deux à ce propos : ce qu’elle pensait qu’elle avait en tête ? et pourquoi elle pensait qu’elle eût en tête quelque chose ?

« Car, ajoutai-je, elle ne peut avoir rien qui se rapporte à moi. »

» — En tout cas, dit l’excellente Quakeresse, si elle avait des idées quelconques à ton sujet, ce n’est point mon affaire, et je serais bien loin de te demander de m’en informer. »

Ce mot renouvela mes alarmes. Non, que je craignisse de me confier à cette bonne créature, s’il y avait chez elle quelque soupçon de la vérité ; mais cette affaire était un secret que je ne me souciais de communiquer à personne. Cependant, je le répète, je fus un peu alarmée ; car, puisque je lui avais tout caché, je désirais continuer à faire de même ; mais, comme elle ne pouvait manquer de recueillir, dans les discours de la fille, quantité de choses semblant me concerner, elle était en outre trop pénétrante pour être dépistée par des réponses qui auraient fermé la bouche d’une autre. Seulement, il y avait ici deux circonstances heureuses : d’abord, elle n’était pas curieuse de savoir ou de découvrir n’importe quoi ; et ensuite, elle n’était pas dangereuse, quand même elle aurait su toute l’histoire. Mais, je le répète, elle ne pouvait manquer de recueillir, dans les discours de la fille, plusieurs détails, comme particulièrement le nom d’Amy et les différentes descriptions du costume turc que mon amie la Quakeresse avait vue elle-même, et qu’elle avait si bien remarqué, comme je l’ai dit plus haut.

Pour ce point, j’aurais pu détourner la chose en plaisantant avec Amy, et en lui demandant chez qui elle demeurait avant de venir demeurer avec moi. Mais cela n’aurait rien valu, car, nous nous étions malheureusement interdit ce langage en ayant souvent parlé du long temps depuis lequel Amy demeurait avec moi, et, ce qui était pis, en ayant déclaré jadis, que j’avais eu un appartement dans le Pall Mall ; de sorte, que toutes ces choses ne correspondaient que trop bien. Il n’y eut qu’une seule circonstance qui me sauva auprès de la Quakeresse ; ce fut ce que la fille avait raconté de la grande fortune