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MOLL FLANDERS

nous témoignait et le pria d’offrir l’expression de sa reconnaissance au capitaine, lui proposant de payer d’avance le prix qu’il nous demanderait pour notre passage et pour les commodités qu’il nous donnait. Le maître lui dit que le capitaine viendrait à bord l’après-midi et qu’il pourrait s’arranger avec lui. En effet, l’après-midi le capitaine arriva, et nous trouvâmes que c’était bien l’homme obligeant que nous avait représenté le bosseman et il fut si charmé de la conversation de mon mari qu’en somme il ne voulut point nous laisser garder la cabine que nous avions choisie, mais nous en donna une qui, ainsi que je l’ai dit avant, ouvrait dans la grande cabine, et ses conditions ne furent point exorbitantes : ce n’était point un homme avide de faire de nous sa proie, mais pour quinze guinées nous eûmes tout, notre passage et nos provisions, repas à table du capitaine et fort bravement entretenus.

Pendant tout ce temps, je ne m’étais fournie de rien de ce qui nous était nécessaire quand nous arriverions là-bas et que nous commencerions à nous appeler planteurs, et j’étais loin d’être ignorante de ce qu’il fallait à telle occasion, en particulier toutes sortes d’outils pour l’ouvrage des plantations et pour construire et toutes sortes de meubles qui, si on les achète dans le pays, doivent nécessairement coûter le double.

Je parlai à ce sujet avec ma gouvernante, et elle alla trouver le capitaine, à qui elle dit qu’elle espérait qu’on pourrait trouver moyen d’obtenir la liberté de ses deux malheureux cousins, comme elle nous appelait, quand nous serions arrivés par delà la mer ; puis s’enquit de lui quelles choses il était nécessaire d’emporter avec