Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 1.djvu/153

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Le 4. — J’allai à la pêche, mais je ne pris aucun poisson que j’osasse manger ; ennuyé de ce passe-temps, j’étais sur le point de me retirer, quand j’attrapai un petit dauphin. Je m’étais fait une grande ligne avec du fil de caret, mais je n’avais point d’hameçons ; néanmoins je prenais assez de poisson et tout autant que je m’en souciais. Je l’exposais au soleil et je le mangeais sec.

Le 5. — Je travaillai sur la carcasse ; je coupai un second bau, et je tirai des ponts trois grandes planches de sapin ; je les liai ensemble, et les fis flotter vers le rivage quand vint le flot de la marée.

Le 6. — Je travaillai sur la carcasse ; j’en arrachai quantité de chevilles et autres ferrures ; ce fut une rude besogne. Je rentrai chez moi très fatigué, et j’eus envie de renoncer à ce sauvetage.

Le 7. — Je retournai à la carcasse, mais non dans l’intention d’y travailler ; je trouvai que par son propre poids elle s’était affaissée depuis que les baux étaient sciés, et que plusieurs pièces du bâtiment semblaient se détacher. Le fond de la cale était tellement entrouvert, que je pouvais voir dedans : elle était presque emplie de sable et d’eau.

Le 8. — J’allai à la carcasse, et je portais avec moi une pince pour démanteler le pont, qui pour lors était entièrement débarrassé d’eau et de sable ; j’enfonçai deux planches que j’amenai aussi à terre avec la marée. Je laissai là ma pince pour le lendemain.

Le 9. — J’allai à la carcasse, et avec mon levier je pratiquai une ouverture dans la coque du bâtiment ; je sentis plusieurs tonneaux, que j’ébranlai avec la pince sans pouvoir les défoncer. Je sentis également le rouleau de plomb