Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 1.djvu/260

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sireux de voir sa clôture parfaite, je ne m’étais arrêté qu’après avoir garni le côté extérieur de la haie de tant de petits pieux plantés si près l’un de l’autre, que c’était plus une palissade qu’une haie, et qu’à peine y pouvait-on fourrer la main. Ces pieux, ayant poussé dès la saison pluvieuse qui suivit, avaient rendu avec le temps cette clôture aussi forte, plus forte même que la meilleure muraille.

Ces travaux témoignent que je n’étais pas oisif et que je n’épargnais pas mes peines pour accomplir tout ce qui semblait nécessaire à mon bien-être ; car je considérais que l’entretien d’une race d’animaux domestiques à ma disposition m’assurerait un magasin vivant de viande, de lait, de beurre et de fromage pour tout le temps que je serais en ce lieu, dussé-je y vivre quarante ans ; et que la conservation de cette race dépendait entièrement de la perfection de mes clôtures, qui, somme toute, me réussirent si bien, que dès la première pousse des petits pieux je fus obligé, tant ils étaient plantés dru, d’en arracher quelques-uns.

Dans ce canton croissaient aussi les vignes d’où je tirais pour l’hiver ma principale provision de raisins, que je conservais toujours avec beaucoup de soin, comme le meilleur et le plus délicat de touts mes aliments. C’était un manger non-seulement agréable, mais sain, médicinal, nutritif et rafraîchissant au plus haut degré.

Comme d’ailleurs cet endroit se trouvait à mi-chemin de mon autre habitation et du lieu où j’avais laissé ma pirogue, je m’y arrêtais habituellement, et j’y couchais dans mes courses de l’un à l’autre ; car je visitais fréquemment de tout ce qui en dépendait. Quelquefois je la montais et