Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 1.djvu/356

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hommes dans la connaissance salutaire de Dieu et les voies du salut.

J’interrompis donc le présent entretien entre moi et mon serviteur en me levant à la hâte, comme si quelque affaire subite m’eût appelé dehors ; et, l’envoyant alors bien loin, sous quelque prétexte, je me mis à prier Dieu ardemment de me rendre capable d’instruire salutairement cet infortuné Sauvage en préparant par son Esprit le cœur de cette pauvre ignorante créature à recevoir la lumière de l’Évangile, en la réconciliant à lui, et de me rendre capable de l’entretenir si efficacement de la parole divine, que ses yeux pussent être ouverts, sa conscience convaincue et son âme sauvée. — Quand il fut de retour, j’entrai avec lui dans une longue dissertation sur la rédemption des hommes par le Sauveur du monde, et sur la doctrine de l’Évangile annoncée de la part du Ciel, c’est-à-dire la repentance envers Dieu et la foi en notre Sauveur Jésus. Je lui expliquai de mon mieux pourquoi notre divin Rédempteur n’avait pas revêtu la nature des Anges, mais bien la race d’Abraham, et comment pour cette raison les Anges tombés étaient exclus de la Rédemption, venue seulement pour les brebis égarées de la maison d’Israël.

Il y avait, Dieu le sait, plus de sincérité que de science dans toutes les méthodes que je pris pour l’instruction de cette malheureuse créature, et je dois reconnaître ce que tout autre, je pense, éprouvera en pareil cas, qu’en lui exposant les choses d’une façon évidente, je m’instruisis moi-même en plusieurs choses que j’ignorais ou que je n’avais pas approfondies auparavant, mais qui se présentèrent naturellement à mon esprit quand je me pris à les fouiller pour l’enseignement de ce pauvre Sauvage. En cette occasion je mis même à la recherche de ces choses plus de ferveur que