Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pentiers, personnages fort nécessaires ; mais par-dessus tout mon artisan universel, lequel était plus utile pour eux qu’aucune chose qu’ils eussent pu nommer. Le tailleur, pour leur montrer son bon vouloir, se mit immédiatement à l’ouvrage, et avec ma permission leur fit à chacun premièrement une chemise. Qui plus est, non-seulement il enseigna aux femmes à coudre, à piquer, à manier l’aiguille, mais il s’en fit aider pour faire les chemises de leurs maris et de touts les autres.

Quant aux charpentiers, je ne m’appesantirai pas sur leur utilité : ils démontèrent touts mes meubles grossiers et mal bâtis, et en firent promptement des tables convenables, des escabeaux, des châlits, des buffets, des armoires, des tablettes, et autres choses semblables dont on avait faute.

Or pour leur montrer comment la nature fait des ouvriers spontanément, je les menai voir la maison-corbeille de William Atkins, comme je la nommais ; et ils m’avouèrent l’un et l’autre qu’ils n’avaient jamais vu un pareil exemple d’industrie naturelle, ni rien de si régulier et de si habilement construit, du moins en ce genre. À son aspect l’un d’eux, après avoir rêvé quelque temps, se tourna vers moi et dit : — « Je suis convaincu que cet homme n’a pas besoin de nous : donnez-lui seulement des outils. »

Je fis ensuite débarquer toute ma provision d’instruments, et je donnai à chaque homme une bêche, une pelle, et un râteau, au défaut de herses et de charrues ; puis pour chaque établissement séparé une pioche, une pince, une doloire et une scie, statuant toujours que toutes et quantes fois quelqu’un de ces outils serait rompu ou usé, on y suppléerait sans difficulté au magasin général que je laisserais en réserve.

Pour des clous, des gâches, des gonds, des marteaux, des gouges, des couteaux, des ciseaux, et des ustensiles et des fer-