Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/219

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l’autre, nous devrions être joyeux de voir les serviteurs du démon et les sujets de son royaume apprendre à connaître les principes généreux de la religion chrétienne, de manière qu’ils puissent au moins posséder quelques notions de Dieu et d’un Rédempteur, de la résurrection et d’une vie future, choses auxquelles nous touts nous croyons. Au moins seraient-ils ainsi beaucoup plus près d’entrer dans le giron de la véritable Église qu’ils ne le sont maintenant en professant publiquement l’idolâtrie et le culte de Satan. »

Je n’y tins plus ; je le pris dans mes bras et l’embrassai avec un excès de tendresse. — « Que j’étais loin, lui dis-je, de comprendre le devoir le plus essentiel d’un Chrétien, c’est-à-dire de vouloir avec amour l’intérêt de l’Église chrétienne et le bien des âmes de notre prochain ! À peine savais-je ce qu’il faut pour être chrétien. » — « Oh, monsieur, ne parlez pas ainsi, répliqua-t-il ; la chose ne vient pas de votre faute. » — « Non, dis-je, mais pourquoi ne l’ai-je pas prise à cœur comme vous ? » — « Il n’est pas trop tard encore, dit-il ; ne soyez pas si prompt à vous condamner vous-même. » — « Mais, qu’y a-t-il à faire maintenant ? repris-je. Vous voyez que je suis sur le point de partir. » — « Voulez-vous me permettre, sir, d’en causer avec ces pauvres hommes ? » — « Oui, de tout mon cœur, répondis-je, et je les obligerai à se montrer attentifs à ce que vous leur direz. » — « Quant à cela, dit-il, nous devons les abandonner à la grâce du Christ ; notre affaire est seulement de les assister, de les encourager et de les instruire. Avec votre permission et la bénédiction de Dieu, je ne doute point que ces pauvres âmes ignorantes n’entrent dans le grand domaine de la chrétienté, sinon dans la foi particulière que nous embrassons touts, et cela même pendant que vous serez encore ici. » — « Là-dessus, lui dis-je, non-seulement