Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/259

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Ils se dirent encore après ceci beaucoup d’autres choses qui serait trop long, ce me semble, de rapporter ici. Entre autres elle lui fit promettre, puisque de son propre aveu sa vie n’avait été qu’une suite criminelle et abominable de provocations contre Dieu, de la réformer, de ne plus irriter Dieu, de peur qu’il ne voulût — « faire lui mort, » — selon sa propre expression ; qu’alors elle ne restât seule et ne pût apprendre à connaître plus particulièrement ce Dieu, et qu’il ne fût misérable, comme il lui avait dit que les hommes méchants le seraient après leur mort.

Ce récit nous parut vraiment étrange et nous émut beaucoup l’un et l’autre, surtout le jeune ecclésiastique. Il en fut, lui, émerveillé ; mais il ressentit la plus vive douleur de ne pouvoir parler à la femme, de ne pouvoir parler anglais pour s’en faire entendre, et comme elle écorchait impitoyablement l’anglais, de ne pouvoir la comprendre elle-même. Toutefois il se tourna vers moi, et me dit qu’il croyait que pour elle il y avait quelque chose de plus à faire que de la marier. Je ne le compris pas d’abord ; mais enfin il s’expliqua : il entendait par là qu’elle devait être baptisée.

J’adhérai à cela avec joie ; et comme je m’y empressais :

— « Non, non, arrêtez, sir, me dit-il ; bien que j’aie fort à cœur de la voir baptisée, cependant tout en reconnaissant que Will Atkins, son mari, l’a vraiment amenée d’une façon miraculeuse à souhaiter d’embrasser une vie religieuse, et à lui donner de justes idées de l’existence d’un Dieu, de son pouvoir, de sa justice, de sa miséricorde, je désire savoir de lui s’il lui a dit quelque chose de Jésus-Christ et du salut des pécheurs ; de la nature de notre foi en lui, et de notre Rédemption ; du Saint-Esprit, de la Résurrection, du Jugement dernier et d’une vie future.

Je rappelai Will Atkins, et je le lui demandai. Le pau-