Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/407

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cieuses d’une variété infinie de couleurs, mélangées d’or. Une seule figure occupait plusieurs de ces carreaux ; mais avec un mastic fait de même terre on les avait si habilement assemblés qu’il n’était guère possible de voir où étaient les joints. Le pavé des salles était de la même matière, et aussi solide que les aires de terre cuite en usage dans plusieurs parties de l’Angleterre, notamment dans le Lincolnshire, le Nottinghamshire et le Leicestershire ; il était dur comme une pierre, et uni, mais non pas émaillé et peint, si ce n’est dans quelques petites pièces ou cabinets, dont le sol était revêtu comme les parois. Les plafonds, en un mot touts les endroits de la maison étaient faits de même terre ; enfin le toit était couvert de tuiles semblables, mais d’un noir foncé et éclatant.

C’était vraiment à la lettre un magasin de porcelaine, on pouvait à bon droit le nommer ainsi, et, si je n’eusse été en marche, je me serais arrêté là plusieurs jours pour l’examiner dans touts ses détails. On me dit que dans le jardin il y avait des fontaines et des viviers dont le fond et les bords étaient pavés pareillement, et le long des allées de belles statues entièrement faites en terre à porcelaine, et cuites toutes d’une pièce.

C’est là une des singularités de la Chine, on peut accorder aux Chinois qu’ils excellent en ce genre ; mais j’ai la certitude qu’ils n’excellent pas moins dans les contes qu’ils font à ce sujet, car ils m’ont dit de si incroyables choses de leur habileté en poterie, des choses telles que je ne me soucie guère de les rapporter, dans la conviction où je suis qu’elles sont fausses. Un hâbleur me parla entre autres d’un ouvrier qui avait fait en fayence un navire, avec touts ses apparaux, ses mâts et ses voiles, assez grand pour contenir cinquante hommes. S’il avait ajouté qu’il l’avait lancé, et que