Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/412

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bravoure, et en même temps avec un si courageux sang-froid, que je ne sache pas avoir jamais vu dans l’action un homme plus propre au commandement. Aussitôt que nous les joignîmes, nous leur déchargeâmes nos pistolets à la face et nous dégaînâmes ; mais ils s’enfuirent dans la plus grande confusion imaginable. Le choc fut seulement soutenu sur notre droite, où trois d’entre eux résistèrent, en faisant signe aux autres de se rallier à eux : ceux-là avaient des espèces de grands cimeterres au poing et leurs arcs pendus sur le dos. Notre brave commandant, sans enjoindre à personne de le suivre, fondit sur eux au galop ; d’un coup de crosse le premier fut renversé de son cheval, le second fut tué d’un coup de pistolet, le troisième prit la fuite. Ainsi finit notre combat, où nous eûmes l’infortune de perdre touts les moutons que nous avions attrapés. Pas un seul de nos combattants ne fut tué ou blessé ; mais du côté des Tartares cinq hommes restèrent sur la place. Quel fut le nombre de leurs blessés ? nous ne pûmes le savoir ; mais, chose certaine, c’est que l’autre bande fut si effrayée du bruit de nos armes, qu’elle s’enfuit sans faire aucune tentative contre nous.