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or, il est évident que cette couleur dépend de la plus ou moins grande intensité des rayons solaires. Il n’y a pas de nègres hors de la zône torride, et il est constant que plus on s’éloigne de cette région, où le soleil envoie ses rayons presque perpendiculairement, et plus le teint devient de moins en moins noir.

Chez l’homme l’action du climat ne se fait pas seulement sentir sur la peau ; les formes, la constitution et le caractère s’en ressentent. La tête du Hottentot n’est pas la même que celle du Chinois, la sauvagerie du Caraïbe ne peut pas être comparée à l’atticisme du Français, et l’Européen transporté dans une autre partie du monde perd peu à peu les goûts de sa nation. « Les Hollandais dont le travail semble l’élément et qui en Europe ont créé leur patrie, arrivés à Batavia adoptent les mœurs asiatiques, et substituent des sérails à leurs forteresses. »[1]

Cette influence du climat se fait encore sentir lorsqu’on envisage la faune et la flore de différentes contrées. Tel animal qui vit dans le pôle, ne complète pas son développement dans un pays tempéré et meurt dans la région de l’équateur ; telle plante qui prospère dans un pays chaud ne vit qu’imparfaitement dans une zone tempérée. Il faut au trigonocéphale la chaleur brûlante des tropiques pour la manifestation de ses attributs ; l’ours blanc a besoin de ses glaces éternelles ; la chèvre du Thibet de son air et de ses montagnes ; le singe, le tigre, le lion éloignés de leur patrie et enfermés dans nos ménageries ne tardent pas à tomber dans un état de décrépitude complet et sont presque toujours enlevés par la phthisie. Il est vrai qu’il faut encore tenir compte de la privation de la liberté que ces animaux éprouvent, mais on ne saurait nier l’influence du climat.

  1. Philosophie de la nature Loc… cit… page 181.