Page:Delécluze - Romans, contes et nouvelles, 1843.djvu/172

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saient les uns. — Ah ! s’écriaient les autres, si elle laisse le Vatican dans un aussi triste état, malheur à l’Eglise ! » Et enfin, Pasquin, usant du droit de tout dire, annonçait le déménagement de Pamphile, et donnait des détails sur le nouvel appartement de dona Olimpia au Vatican.

» Les occupations auxquelles le pape nouvellement élu doit se livrer immédiatement forcèrent Innocent de ne recevoir en ce jour que les personnes avec lesquelles il avait à traiter des affaires du gouvernement. Mais à peine l’élection fut-elle connue que toute la noblesse romaine, les divers ambassadeurs des puissances étrangères, les cardinaux, les prélats, et les dames de distinction, s’empressèrent de se présenter chez dona Olimpia, qui, se montrant aussi gracieuse qu’il lui était donné de le paraître, reçut leurs hommages au milieu de son palais bouleversé par le peuple, et en s’excusant, avec la coquetterie d’une souveraine qui vient d’être proclamée, d’un désordre qui ne lui permettait pas de recevoir de tels hôtes plus convenablement. Mille questions malignes, mille observations satiriques étaient bien échangées par ce monde élevé et spirituel ; mais les épigrammes se débitaient à l’oreille, tandis que les hommages, les assurances de respect et les salutations se disaient et se faisaient bien ouvertement, et de manière à ce que rien n’en fût perdu pour celle à qui elles s’adressaient.

» Lorsque le soir de cette journée laborieuse fut venu, vers dix heures, dona Olimpia s’échappa de son palais et se rendit au Vatican. En entrant chez le pontife, elle se prosterna à ses pieds, qu’elle baisa à plusieurs reprises, les inondant de larmes de joie. Le pape lui-même se prit à pleurer, et après le silence assez long où les maintint leur profonde émotion, ils eurent un entretien dans lequel, après s’être communiqué réciproquement ce qu’un pareil événement pouvait leur faire éprouver, ils s’entendirent sur les premiers actes d’autorité qu’il était à propos de faire émaner du trône pontifical. La perte des Barberins, neveux du pape défunt, fut décidée, et dona Olimpia fit promettre au pape leur bannissement et la confiscation de leurs biens.

» Il était minuit quand ils se séparèrent ; mais avant de