Page:Delécluze - Romans, contes et nouvelles, 1843.djvu/176

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vent en conférence avec son cher Algardi sur les terrains de sa villa future, qu’aux congrégations, à la réception des ambassadeurs et dans les offices de la daterie, où on l’excédait d’affaires, de comptes à régler, de signatures à donner et de bulles à contre-signer. Vainement le grave Pancirole, le pape et dona Olimpia elle-même, épuisèrent ce qu’ils avaient de patience pour tâcher de former l’esprit du cardinal Camille ; rien n’y fit. Il resta complètement étranger aux affaires, encourut par cela même la disgrâce de son oncle et de sa mère, mais se fit aimer à Rome, parce qu’il rendait service aussi fréquemment que cela lui était possible, et que, contre l’usage général alors, il ne faisait pas payer les grâces qu’il accordait.

Le pape fut le premier à ne pouvoir tolérer près de lui son neveu, dont l’éducation politique retardait au moins toutes les affaires, quand elle ne les brouillait pas. Dona Olimpia, plus persévérante, espérait toujours vaincre à force de soins et de patience l’inattention de son fils. Elle n’attendait de lui qu’une soumission réfléchie, au moyen de laquelle il pût jouer ostensiblement le rôle de cardinal-neveu, de premier ministre, tandis qu’elle lui soufflerait continuellement son rôle, et rendrait ainsi Pancirole toujours moins nécessaire au pontife.

Quant au vieux secrétaire d’état, travailleur exact et infatigable, il redoutait beaucoup moins les embarras passagers apportés dans les affaires par l’inaptitude et l’insouciance du cardinal Camille, que l’habileté excessive avec laquelle dona Olimpia pourrait les traiter. Aussi le prudent Pancirole affectait-il de prodiguer ses conseils à son jeune collègue, et ne manquait-il jamais de faire des rapports flatteurs sur son compte, assurant même, quoiqu’il n’en crût rien, que ce jeune homme donnait des espérances, et que l’on serait peut-être fort étonné un jour de ce qu’il pourrait faire.

Les choses flottèrent ainsi pendant deux ans ; c’est-à-dire que Pancirole et dona Olimpia s’épuisèrent en efforts superflus pour engager l’ambition du jeune cardinal dans les intérêts politiques et en faire un intermédiaire journalier entre eux et le pape. Mais ni l’un ni l’autre ne réussirent. Camille