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trino, furent faits en toute hâte ; il fut stipulé que dona Olimpia donnerait soixante-dix mille écus, et que le prince Justiniani, père de la future, en ajouterait trente mille pour compléter la dot (environ cinq cent mille francs). Enfin ce fut dans la chapelle pontificale que le pape donna lui-même la bénédiction nuptiale aux deux jeunes gens.

Malgré toute la célérité que l’on put mettre à l’accomplissement de ce mariage, on comprend que toutes les précautions qu’avaient à prendre les deux familles contractantes demandèrent plusieurs mois, pendant lesquels on s’occupa et l’on parla surtout plus que jamais de l’affaire du royaume de Naples.

Au milieu de toutes les caresses et des galanteries que se faisaient mutuellement les Pamphiles et les Barberins en cette occasion, le rôle du cardinal neveu Astalli devenait plus embarrassant de jour en jour. Les femmes se montraient ouvertement impertinentes et dédaigneuses à son égard ; les hommes, retenus par sa dignité, honoraient son habit, tout en faisant peu de cas de sa personne ; mais ce qui achevait de faire perdre contenance au jeune ministre était la froideur toujours croissante avec laquelle le traitait le pape. Sa parenté factice était devenue pour lui un fardeau insupportable, et lorsque quelqu’un des Barberins ou de la famille du pape lui donnait le nom de cardinal Pamphile, soit prévention de sa part, ou qu’en effet ceux qui lui adressaient la parole y missent une intention ironique et perfide, il lui semblait recevoir une injure.

Cependant le pauvre neveu postiche était obligé, à la vue de la joie des deux familles, de paraître y prendre une part très-vive, et lorsque le jour des noces fut décidé, il crut de son devoir de traiter les époux et leurs familles, auxquelles le nom de Pamphile, que le pape lui avait imposé, semblait le lier aussi. Il donna donc un splendide banquet aux deux époux, après la célébration du mariage. Ce fut dans le palais de la place Navone qu’il réunit vingt-deux convives, au nombre desquels étaient dona Olimpia, les trois cardinaux Barberins, dona Anna Colonna, mère du marié, le connétable Colonne avec sa femme et ses fils, dom Camille et la prin-