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versation, où on lui traça la conduite qu’elle devait suivre. Azzolini surtout lui fit sentir de quelle importance il était pour elle qu’elle se fît oublier et qu’elle laissât à sa famille, et particulièrement au prince son fils, le soin de toutes ses affaires. Sans lui révéler entièrement les promesses que le pape avait faites au conclave, et ses intentions bienveillantes envers les deux familles Pamphile et Barberine, il lui fit entendre qu’avec de la patience et une grande discrétion de sa part, on parviendrait à assoupir l’affaire du procès. On se sépara ; les parents et les amis rentrèrent dans Rome, et dona Olimpia, conduite par son fils, ne tarda pas à arriver à Viterbe.

Cependant le pape avait déjà chargé une congrégation d’examiner les plaintes portées contre dona Olimpia pour régulariser l’instruction de son procès, lorsqu’un malheur aussi terrible qu’inattendu vint frapper Rome, ainsi que presque toute l’Italie. La peste se déclara tout à coup dans cette ville et y répandit la consternation et la mort. Les progrès du mal furent si rapides et l’épouvante si grande, que tout ce qu’il y avait de personnes éminentes et riches s’enfuirent. Un grand nombre d’églises restèrent désertes ; les écoles, les tribunaux furent fermés. On cerna le faubourg du Transtevere avec des palissades, et l’île de Saint-Barthélemi, sur le Tibre, fut transformée en un vaste hôpital, où les malfaiteurs étaient chargés de transporter les malades. Comme il arrive presque toujours pendant ces calamités, des malveillants voulurent en profiter pour conspirer contre le peu d’ordre qui régnait encore. La reine Christine de Suède, qui était à Rome depuis quelque temps, ayant donné congé à un corps de troupe espagnole qui lui servait de gardes, avait excité la haine d’une certain Adrien Velli, valet de chambre de l’ambassadeur du roi d’Espagne. Ce Velli trama un vaste complot, au moyen duquel lui et ses complices se proposaient de mettre le feu à plusieurs magasins de Rome, de saccager la ville, et enfin de faire la reine Christine et le pape prisonniers, le tout pour venger le prétendu tort fait par cette princesse à la garde espagnole.

La veille du jour où cette conspiration devait éclater, la