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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

préfère aux chefs-d’œuvre ? Quoi ! ces miracles d’invention, d’esprit, de bon sens, de gaieté ou de pathétique auront été produits, auront coûté à ces grands esprits des sueurs, des veilles si rarement, hélas ! récompensées par la louange banale du moment qui les a vus naître, pour retomber, après une courte apparition suivie de rares éloges, dans la poussière des bibliothèques et dans l’estime infertile et presque déshonorante de ce qu’on appelle les savants et les antiquaires ! Quoi ! ce seront des pédants de collège qui viendront nous tirer par la manche, pour nous avertir que Racine est simple du moins, que La Fontaine a vu dans la nature autant que Lamartine, que Lesage a peint les hommes comme ils sont, pendant que les coryphées de la civilisation, les hommes qu’on fait ministres ou pasteurs de peuples, de simples pédants qu’ils étaient, parce qu’ils ont eu un quart d’heure d’inspiration à la hauteur des lumières du jour, ce seront les hommes qui feront une littérature, du nouveau, enfin ! Quelle nouveauté !…

29 juillet. — Sur le portrait. — Sur le paysage, comme accompagnement des sujets. Du mépris des modernes pour cet élément d’intérêt. — De l’ignorance où ont été presque tous les grands maîtres de l’effet qu’on pouvait en tirer : Rubens, par exemple, qui faisait très bien le paysage, ne s’inquiétait pas de le mettre en rapport avec ses figures, de manière à