Page:Delarue-Madrus - La Figure de proue.djvu/19

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Prière marine

À travers des chemins nuptiaux d’orangers,
Je suis venue à toi, mer Méditerranée,
Et me voici debout, face à face, étonnée
D’ouvrir sur ta splendeur mes regards étrangers.

Ce soir, ce premier soir, t’es-tu faite si pâle
Pour ne pas m’offenser de tes bleus inouïs.
Toi qui n’es pas l’horizon gris de mon pays.
Mer éternellement, rythmiquement étale ?

Je tremble de venir à toi, de t’apporter
Toute mon âme où crie et chante l’Innommable…
Quoique fille d’ailleurs, voudras-tu m’adopter,
M’enseigner le secret de tes eaux sur ton sable ?


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