Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/114

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Là s’élance en grondant la cascade écumante ;
Là le zéphyr caresse, ou l’aquilon tourmente.
Vous y voyez unis des volcans, des vergers,
Et l’écho du tonnerre, et l’écho des bergers ;
Ici de frais vallons, une terre féconde ;
Là des rocs décharnés, vieux ossemens du monde ;
A leur pied le printemps, sur leurs fronts les hivers.
Salut, pompeux Jura ! Terrible Montanverts !
De neiges, de glaçons, entassemens énormes ;
Du temple des frimats colonnades informes !
Prismes éblouissans, dont les pans azurés,
Défiant le soleil dont ils sont colorés,
Peignent de pourpre et d’or leur éclatante masse,
Tandis que, triomphant sur son trône de glace,
L’hiver s’enorgueillit de voir l’astre du jour
Embellir son palais et décorer sa cour !
Non, jamais, au milieu de ces grands phénomènes,
De ces tableaux touchans, de ces terribles scènes,
L’imagination ne laisse dans ces lieux
Ou languir la pensée ou reposer les yeux.
Malheureux cependant les mortels téméraires
Qui viennent visiter ces horreurs solitaires,
Si par un bruit prudent de tous ces noirs frimats
Leurs tubes enflammés n’interrogent l’amas !
Souvent un grand effet naît d’une foible cause.
Souvent sur ces hauteurs l’oiseau qui se repose