Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/15

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malheureux, et si obstinément gai, auroit pu dire aussi :

« J’ai ri, me voilà désarmé ! » (Piron, Métromanie.)

A l’égard des romans et des ouvrages de théâtre, l’amour exclusif de ce genre de littérature est peut-être plus dangereux encore. Ils accoutument l’ame à ces sensations violentes, si opposées à cette heureuse habitude des sentimens doux et modérés, d’où résultent ces émotions paisibles, également nécessaires au bonheur et à la vertu ; et si, à travers cette habitude et ce besoin des impressions fortes, et des mouvements désordonnés, que cherchent à exciter les représentations théâtrales et les narrations romanesques, arrivoit une révolution inattendue, toute modération en seroit probablement bannie. On verroit souvent les assemblées publiques dégénérer en représentations théâtrales, les discours en déclamations, les tribunes en loges, où les huées et les applaudissemens seroient prodigués avec fureur par les partis opposés ; les rues même auroient leurs tréteaux, leurs représentations et leurs acteurs. Le même besoin de nouveautés se