Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/20

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de son sujet par des épisodes qui s’élèvent jusqu’à l’intérêt de la tragédie, ou jusqu’à la majesté de l’épopée ! C’est ici le lieu de répondre à quelques critiques, au moins rigoureuses, qu’on a faites du poëme des jardins. Peut-être est-il permis, après quinze ans de silence, de chercher à détruire l’impression fâcheuse que ces critiques ont pu faire.

Les uns lui ont reproché le défaut de plan. Tout homme de goût sent d’abord qu’il étoit impossible de présenter un plan parfaitement régulier, en traçant des jardins, dont l’irrégularité pittoresque et le savant désordre font un des premiers charmes. Lorsque Rapin a écrit un poëme latin sur les jardins réguliers, il lui a été facile de présenter dans les quatre chants qui le composent, 1) les fleurs, 2) les vergers, 3) les eaux, 4) les forêts. Il n’y a à cela aucun mérite, parce qu’il n’y a aucune difficulté. Mais dans les jardins pittoresques et libres, où tous ces objets sont souvent mêlés ensemble, où il a fallu remonter aux causes philosophiques du plaisir qu’excite en nous la vue de la nature embellie et non pas tourmentée par l’art ; où il a fallu exclure les alignemens, les distributions symétriques, les beautés compassées ; un autre