Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/26

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de réfuter les critiques trop rigoureuses qu’on a faites de ce poëme. Plusieurs personnes ont affecté de le mettre fort au-dessous de la traduction des géorgiques : cela est tout simple ; cet ouvrage étoit de son invention, et on a préféré de lui céder les honneurs de la traduction. Ce genre de composition, qui demande des auteurs d’un grand talent, veut aussi des lecteurs d’un goût exquis. Les prolétaires de Rome pouvoient pleurer à la représentation d’Oreste et de Pylade ; mais il n’appartenoit qu’à Horace, à Tucca, à Pollion, à Varius, d’apprécier les géorgiques de Virgile. Eux seuls et leurs pareils pouvoient saisir ces innombrables beautés de détails sans cesse renaissantes, cette continuité d’élégance et d’harmonie, ces difficultés heureusement vaincues, ces expressions pleines de force, de hardiesse ou de grâce, cet art de peindre par les sons, enfin ce secret inimitable du style qui a su donner de l’intérêt à la formation d’un sillon ou à la construction d’une charrue.

Aussi ai-je peut-être un nouveau droit de me plaindre de l’homme estimable dont j’ai parlé plus haut, lorsqu’il a dit que je me suis trop occupé à traduire, sans parler du genre de