Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/62

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Souvent à vos bienfaits joignez votre présence ;
Votre aspect consolant doublera leur puissance.
Menez-y vos enfans ; qu’ils viennent sans témoin
Offrir leur don timide au timide besoin ;
Que surtout votre fille, amenant sur vos traces
La touchante pudeur, la première des grâces,
Y fasse en rougissant l’essai de la bonté,
Par qui tout s’embellit jusques à la beauté.
Ainsi, comme vos traits, leurs mœurs sont votre image ;
Votre exemple est leur dot, leurs vertus votre ouvrage,
Cœurs durs, qui payez cher de fastueux dégoûts,
Ah ! Voyez ces plaisirs, et soyez-en jaloux.
L’homme le plus obscur, quelquefois, sous le chaume
Gouverne en son idée une ville, un royaume.
Moi jamais, dans l’erreur de mes illusions,
Je n’aspire à régler le sort des nations :
Me formant du bonheur une plus humble image,
Quelquefois je m’amuse à régler un village ;
Je m’établis le chef de ces petits états.
Mais à mes propres soins je ne me borne pas ;
Au bon gouvernement de ce modeste empire
Je veux que du hameau chaque pouvoir conspire.
O vous pour qui j’écris le code des hameaux,
Souffrez que mes leçons se changent en tableaux.
Voyez-vous ce modeste et pieux presbytère ?
Là vit l’homme de Dieu, dont le saint ministère