Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/75

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La culture offre ici de plus brillans spectacles ;
Au lieu de ses travaux, je chante ses miracles,
Ses plus nobles efforts, ses plus rares bienfaits.
Féconde en grands moyens, fertile en grands effets,
Ce n’est plus cette simple et rustique déesse
Qui suit ses vieilles lois ; c’est une enchanteresse
Qui, la baguette en main, par de hardis travaux,
Fait naître des aspects et des trésors nouveaux,
Compose un sol plus riche et des races plus belles,
Fertilise les monts, dompte les rocs rebelles,
Dirige dans leur cours les flots emprisonnés,
Fait commercer entr’eux les fleuves étonnés,
Triomphe des climats, et sous ses mains fécondes
Confond les lieux, les temps, les saisons et les mondes.
Quand l’homme cultiva pour la première fois,
De ce premier des arts il ignoroit les lois ;
Sans distinguer le sol et les monts et les plaines,
Son imprudente main leur confia ses graines :
Mais bientôt, plus instruit, il connut les terrains ;
Chaque arbre eut sa patrie, et chaque sol ses grains.
Vous, faites plus encore ; osez par la culture
Corriger le terrain et dompter la nature.
Rival de Duhamel, surprenez ses secrets ;
Connoissez, employez l’art fécond des engrais.
Pour fournir à vos champs l’aliment qu’ils demandent,
La castine, la chaux, la marne vous attendent.