Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/79

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Sous de pesans jokeys nos chevaux haletèrent,
Nos clubs de politique et de punch s’enivrèrent,
Versailles s’occupa de popularité ;
Chacun eut ses wiskys, ses vapeurs et son thé.
Moi-même, comparant le parc anglois au nôtre,
J’hésitai, je l’avoue, entre Kent et le Nostre ;
Mais je permis l’usage et proscrivis l’excès.
Sensible à la beauté de nos arbres françois,
Le bon cultivateur, malgré leurs vieilles formes,
N’exclut point nos tilleuls, nos chênes et nos ormes.
Il fuit des nouveautés les goûts extravagans :
Mais si par un beau tronc, des rameaux élégans,
L’arbre d’un sol lointain offre un hôte agréable,
Nos arbres font accueil à l’étranger aimable,
Plutôt pour ses appas que pour sa rareté ;
Ils lui font les honneurs de l’hospitalité,
Et si l’utilité vient se joindre à la grâce,
Aux droits de citoyen ils admettent sa race.
Tel des Alpes nous vint le cytise riant ;
Ainsi pleure incliné le saule d’Orient,
Que consacra l’amour à la mélancolie ;
Le peuplier reçut ses frères d’Italie,
Et pour nous, fatigué d’obéir au turban,
Le cèdre impérial descendit du Liban.
Vous dirai-je, à l’aspect de ces riches peuplades,
Quel charme embellira vos douces promenades ?