Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/48

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Tout cela ne serait rien s’il faisait toujours calme. Il ne fait pas calme aujourd’hui. La journée s’annonce mal. Il ne fait pas calme. Je sens qu’il ne va pas faire calme du tout.

Mais il n’y a donc pas quelque part des gens qui savent guérir cette sinistre chose ? Je ne sais pas, à Londres, peut-être, en France, en Amérique, ou ailleurs, ou plus loin ! Les savant allemands, j’en ai assez des savants allemands, ils écrivent, oui, ils font des mémoires et des revues et des discours, et c’est tout.

Enfin, on doit guérir ça. On doit tout guérir.

Oui, tout guérir.

Guérir ça, guérir ça.

Quelle journée se prépare ! Je vois à peine ce que j’écris, mais si je ne me forçais pas à écrire, je me coucherais. Il faut que je me tienne. J’ai dit que je monterais à cheval, mais je n’ose pas. Les chevaux sont là, avec l’écuyer, avec les gens. On m’a fait prévenir. Mais ce n’est pas faisable : il vaut mieux que je reste devant ce bureau. Au moins, je peux m’appuyer au fauteuil. Pourtant l’air du matin me ferait du bien. Non : si je monte à cheval, je tomberai. Je ne veux pas tomber.

Voilà déjà les tempes qui battent. J’ai des éblouissements. J’entends des cloches. C’est exaspérant.