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Kiel, 11 juillet.

Ce pauvre François-Ferdinand qui commandait aux armées d’Autriche était un général d’exception… On ne pouvait pas lui trouver un successeur semblable, mais on pouvait faire mieux que d’appeler à son poste l’archiduc Frédéric.

Autour de moi, ils sont tous furieux, aussi navrés que si le peuple allié avait rompu avec nous. Mes fidèles et surtout mes fils n’ont jamais autant pensé à tout briser que depuis quelques jours. Moi je n’y ai jamais si peu pensé, il me semble même que je n’y penserai jamais plus. Et je ne vois pas la nécessité d’envenimer les petites aventures insignifiantes de cette époque-ci. Pas de sabres ! Que ne puis-je dire : « Plus de sabres, plus jamais de sabres ! »

Je déplore d’ailleurs que les armées de François-Joseph soient confiées au médiocre Frédéric, et je vais regretter François-Ferdinand, dont je m’étais pourtant pas l’ami juré.

Il avait bien besoin de se laisser assassiner !