Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/15

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sachions déjà, c’est-à-dire le mariage de votre mère sans le consentement des siens et son abstention de tout retour, de la moindre nouvelle donnée à Ségastel… Voyons maintenant autre chose. Me Rosart avait chargé le tabellion de Ségastel de faire savoir aux membres encore existants des Regbrenz la mort de M. de Sézannek. Votre grand-père a écrit aussitôt à votre notaire, et voici sa lettre.

Il lui tendit une petite feuille couverte d’une écriture aiguë, excessivement fine. La jeune fille, dont le cœur se serrait d’angoisse, la parcourut rapidement.


Monsieur,

Je viens d’apprendre par Me Lebon, notaire à Ségastel, le décès du marquis Philippe de Sézannek. J’étais le père de sa femme, et, malgré tout ce qui m’a séparé de cette fille ingrate, je reconnais de mon devoir de prendre les orphelins sous ma protection. En conséquence, veuillez faire avec Me Lebon les arrangements nécessaires pour cette tutelle, dont j’assume la charge. Étant âgé et malade, je ne puis entreprendre le voyage de Paris et je vous charge de tout régler au mieux des intérêts de ces enfants. Ceux-ci devront être, le mois prochain, confiés à une personne sûre, qui me les amènera à mon manoir de Bred’Languest, où ils vivront désormais près de nous.

Agréez, Monsieur, etc.

Hervé, Comte de Regbrenz.


Et c’était tout… Pas un mot d’affection pour ses petits-enfants, pas une parole compatissante sur le malheur qui les frappait. Un homme d’affaires eût pu signer cette froide missive…

— Il n’y a pas moyen de refuser, docteur ? demanda Alix en le fixant avec angoisse.