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x.


Le soleil levant pénétrait en flots d’or dans la chambre rose et blanche, l’élégante chambre parisienne transportée dans l’austère tour de Saint-Conan. Les rayons, où dansait une poussière lumineuse, faisaient étinceler la glace Louis xv, enveloppaient d’une lueur blonde le portrait de Mme de Sézannek et, sur le chiffonnier, venaient errer, parmi les fioles à demi pleines, les tasses et les menus objets nécessités par la maladie… Mais ces indiscrets rayons ne s’en tenaient pas là, et, curieusement, effleuraient le jeune visage à demi enfoui dans l’oreiller, soulignant ainsi les traits creusés et le teint blême de celle qui dormait là.

Était-ce bien Alix de Sézannek, cette pauvre petite créature amaigrie que Mathurine regardait dormir avec attendrissement ? La maladie qui avait terrassé la jeune fille, au soir de la mort de Mme de Regbrenz, avait opéré d’effrayants ravages sur cette constitution frêle, et, cependant, depuis de longs jours, elle luttait contre la mort. Even, brisé de douleur et de remords — car il s’accusait d’avoir si longtemps laissé toute liberté à sa sœur — avait appelé les meilleurs médecins de Nantes et, enfin, le docteur Sérand lui-même… La veille seulement, celui-ci avait prononcé un mot d’espoir.

— Je trouve un mieux léger, très léger. Si elle

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