Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/31

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III.


— La grise Bretagne se met en frais pour vous recevoir ! Voyez ce ciel pur et ce délicieux soleil, Alix.

Miss Elson prononçait ces mots en entrant dans la chambre où son élève achevait de s’habiller… Alix s’avança vers la fenêtre et, ouvrant un des vitraux, jeta un regard au-dehors :

— Que c’est beau ! murmura-t-elle.

Là-bas, dans un horizon azuré, le soleil — un doux soleil d’automne — se levait au-dessus d’une immense nappe bleu pâle aux reflets d’argent. Radieuse et sereine, la mer ondulait légèrement et s’irradiait de lueurs d’or clair… Dans cette féerie bleue, des écueils aux formes bizarres jetaient leur note sombre, souvenir et prédiction des effrayantes colères dont cet Océan charmeur était coutumier. Un peu à gauche, tout à la pointe d’un petit promontoire rocheux creusé de criques minuscules, se dressait une maisonnette basse, noire et trapue… Plus près, c’était le parc du manoir, maigre futaie dont les feuilles rousses jonchaient le sol uniformément envahi par une intense végétation parasite, qui avait fini par supprimer toute trace d’allée.

En avançant un peu la tête, Alix constata, plus près du manoir, quelques vestiges de plates-bandes où régnaient en souveraines les plantes sauvages. Le reste était un uniforme tapis d’herbe grisâtre qui