Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/43

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gard se voila de douceur et sa main, en un geste de protection, se posa sur l’épaule d’Alix, qui se raidit pour ne pas reculer.

— Vous les connaîtrez un jour, enfant, dit-elle avec un calme nuancé de compassion. Pour l’instant, contentez-vous de faire ce que je vous demande… Croyez-moi, Alix, ce sera beaucoup mieux ainsi, pour nous et pour vous.

Elle appuya fortement sur ce dernier mot et la petite lueur menaçante traversa de nouveau son regard.

— Allons, père, décidez-vous : le déjeuner ne sera plus mangeable.

Le vieillard se leva péniblement. Il avait été de haute stature, mais son corps était désormais lamentablement courbé… En s’appuyant sur une canne, il marcha vers la porte, non sans jeter au passage sur Alix un regard malveillant.

— Maman, dépêchez-vous ! dit sèchement Georgina.

Mme de Regbrenz avait suivi la scène précédente avec une vague inquiétude… À la voix impérieuse de sa fille, elle tressaillit, se souleva avec lenteur et fit quelques pas. Mais sa démarche était extrêmement chancelante… D’un mouvement spontané, Alix se trouva près d’elle.

— Voulez-vous vous appuyer sur moi, grand-mère ?

Et, joignant le geste à la parole, elle tendait son bras vers l’aïeule. Celle-ci regarda avec surprise le charmant visage si attirant dans sa grâce un peu triste et, sans hésiter, passa sa main sous ce bras secourable. Elles longèrent ainsi le grand corridor sombre qui menait à la salle à manger, où les avait précédées M. de Regbrenz.

— Mettez-vous ici, Alix, dit Georgina qui venait derrière elles.