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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


Mais l’oubli ne venait pas, pour Odon. À tout instant, rejetant dans l’ombre le visage ambré de Pepita, ses lèvres trop rouges, ses yeux sombres et hardis, lui apparaissaient le ravissant visage de Roselyne, sa petite bouche d’un dessin délicat, son sourire délicieux, ses yeux éclairés d’une si pure lumière, d’une tendresse profonde et doucement ardente. Il la revoyait avec ce petit bonnet de velours brodé, garni de ruchettes de tulle, tel qu’on en portait au printemps dernier, et qui enlaidissait presque toutes les femmes. Elle, au contraire, semblait adorablement jeune et charmante là-dessous. Il le lui avait dit, et elle avait ri, gaiement, en répliquant : « Je suis très contente de vous plaire ainsi. »

Pauvre petite chérie !

Pepita trouvait parfois M. de Montluzac bien distrait, ou d’une ironie froide qu’elle redoutait plus que tout. Mais elle l’avait toujours connu d’humeur fantasque, inaccessible à l’émotion, se raillant volontiers de l’amour, et elle ne se dissimulait pas que cette conquête, difficile à faire, le serait plus encore à conserver.

Un soir, en revenant avec lui de Sorrente, où ils avaient passé la journée, Mme de Sauroy lui dit :

— J’ai reçu un mot de la comtesse Borelska.