Page:Delly - L ondine de Capdeuilles.pdf/254

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


249
L’ONDINE DE CAPDEUILLES


voilà ce qui me tenait éloigné, depuis quelques mois, dans l’espoir que je pourrais me guérir de cet amour, et que vous, Rosey, vous m’oublieriez… Mais loin de vous, je vous aimais toujours davantage. Je ne pensais qu’à vous, je me désespérais à l’idée que, peut-être, un autre prendrait votre cœur. Ah ! ma pauvre chérie, que me parliez-vous de Mme de Sauroy ! Eût-elle été autre chose à mes yeux qu’une coquette méprisable, comment aurait-elle pu me faire oublier, un seul instant, celle qui est depuis un an la joie de mon âme, celle qui sera l’unique amour de ma vie ?

Elle l’écoutait en frissonnant de bonheur. Ses paupières baissées se soulevaient, laissant voir ses yeux éclairés d’une joie profonde, ses beaux yeux timides et radieux que cherchait un regard de tendresse passionnée.

Odon dit avec ferveur :

— Ma chérie, je voudrais effacer de mon existence toutes les années où je ne vous ai pas connue ! Du moins, les autres seront à vous, et vous me transformerez, pour mon plus grand bonheur, ma Rosey bien-aimée. Tout à l’heure, je le disais à votre bon curé, après lui avoir sincèrement fait part de mes scrupules, de mes combats intérieurs. Il m’a répondu : « Après ce que vous venez de m’apprendre, j’ai toute confiance en