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L’ONDINE DE CAPDEUILLES


de Vichy, fort passée, d’une forme enfantine. Mais bien plus que de cette tenue presque pauvre, Odon fut frappé de sa coiffure. Elle avait d’admirables cheveux blonds teintés de roux, largement et très naturellement ondulés, qui glissaient sur son épaule en une grosse natte à demi défaite. Et ces cheveux disparaissaient presque sous des nénuphars formant couronne, tombant le long du visage, jusqu’au petit cou blanc de ligne si harmonieuse.

Odon murmura :

— Mais c’est l’ondine de ces lieux !… la plus ravissante ondine qu’on puisse rêver. Enfant, ou jeune fille ? Elle a quinze ans, seize ans au plus… À quoi pense-t-elle, avec son sourire heureux ? Peut-être déjà à de futurs triomphes de coquette. Depuis Ève, elles sont ainsi, presque toutes.

Son regard se durcit, pesa lourdement sur l’enfant endormie. Il fit un mouvement pour s’éloigner, puis se détourna pour la considérer encore. La respiration entr’ouvrait doucement ses lèvres, qui souriaient toujours au rêve mystérieux. Puis le petit bras blanc, découvert par la manche de toile relevée, bougea un peu, la tête se souleva, les paupières s’ouvrirent. Deux grands yeux d’un vert d’eau profonde, deux yeux de femme, ardents et radieux, s’attachèrent sur Odon, l’espace d’une