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Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/97

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LES DEUX FRATERNITÉS

mée. Comme d’habitude, il embrassa Micheline. Des larmes vinrent aux yeux de la jeune femme, et elle murmura en lui saisissant la main :

— Reste aujourd’hui, ce n’est pas prudent !

— Allons donc, petite peureuse ! dit-il avec un sourire forcé. Il ferait beau voir que j’abandonne les camarades ! Tu ne le voudrais pas, dis ?

— Non, c’est vrai, dit-elle en se raidissant un peu pour dominer son angoisse. Fais ton devoir, mon Cyprien !

Elle pencha un instant sa tête sur son épaule, et il l’embrassa de nouveau, longuement. Puis il s’éloigna, les yeux humides, la gorge serrée par une émotion douloureuse.

Dominant courageusement son angoisse, Micheline s’occupa de ses enfants, de son petit ménage. Vers dix heures, elle vit arriver Mlle Césarine qui lui apportait un remède pour le petit Lucien, son second fils, dont la vue était un peu faible. Micheline lui fit part de ses inquiétudes, et l’excellente vieille fille, pour l’en distraire, s’attarda près d’elle, l’aidant dans sa tâche de ménagère.

Vers onze heures, un pas s’arrêta sur le petit palier. Micheline murmura avec un soupir de soulagement :

— Le voilà, sans doute.

Mais non, ce n’était pas lui, car on frappait à la porte.

Micheline alla ouvrir, elle se trouva en face