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MAGDELEINE, CHANT II

Seule, en proie aux soupçons qui viennent l’assiéger,
Pour Joseph qui l’oublie elle rêve un danger ;
Son cœur, de l’abandon fuyant la certitude,
Veut encor se flatter… par une inquiétude !
C’en est fait… son amour l’excuse vainement :
Joseph ne viendra plus dissiper ce tourment !…
Mais… n’est-ce point sa voix si longtemps espérée ?

« Conduisez les chameaux vers la porte Dorée,
» Et vers Arimathie allez par ce détour
» Au palais de mon père annoncer mon retour ! »
Au bruit des pas légers qui frappe son oreille,
Couché sur le parvis, un esclave s’éveille…
Inquiet, il veut voir qui pénètre en ces lieux ;
Il reconnaît Joseph… et referme les yeux.

Tandis que, traversant la riche galerie,
Joseph passe en tremblant sous la voûte fleurie,
De crainte et de dépit n’étant plus agité,
Le cœur de Magdeleine a repris sa fierté
Déjà par le dédain, la fausse indifférence,
Elle veut se venger de sa longue souffrance ;
D’une attente pénible il faut cacher l’ennui :
Joseph ne saura point qu’on a souffert pour lui.

Rêveuse, à son aspect Magdeleine s’étonne ;
Il cherche à s’excuser… d’avance on lui pardonne.
Il se plaint… et l’on rit de ses soupçons jaloux.
« Je pars ; adieu, dit-il enflammé de courroux,
» Pour la dernière fois !…

 » Pour la dernière fois !…— Quoi, déjà ! reprend-elle,
» Dans le camp des Romains Hérode vous rappelle ?…