Page:Delphine de Girardin - Poésies complètes - 1856.djvu/282

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Il dit que je suis bonne, et que ma voix l’enchante.
Quand, des soins d’une amie implorant la douceur,
Je repose mon front sur le sein de ma sœur,
Il sourit tendrement, il nous regarde ensemble,
Et dit, pour me flatter, que ma sœur me ressemble.
Mais celle qui garda ses attraits séduisants,
Et celle qui, mourante à la fleur de ses ans,
A vu s’évanouir une beauté trop chère,
Ne se ressemblent plus qu’aux regards d’une mère.

En vain la mienne aussi cherche à me rassurer,
Et des mêmes atours veut encore me parer ;
Sa ruse ne saurait tromper celui que j’aime,
Et pour lui seul, hélas ! je ne suis plus la même !
Ah ! puisque son bonheur n’est plus en mon pouvoir,
Qu’un autre l’accomplisse !… et je saurai le voir !
Qu’il lui porte ces fleurs, ces voiles d’hyménée,
Cette blanche couronne à mon front destinée,
Oui… de ma jeune sœur qu’il devienne l’époux,
Qu’elle rende la joie à ses regards si doux,
Et qu’Alfred, dégagé de sa foi généreuse,
Oublie en l’admirant que je suis malheureuse !