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POÉSIES

Le soin de sa parure occupait tous ses jours ;
Ses vœux étaient de plaire et de plaire toujours.
Dans son cœur inconstant quels yeux auraient pu lire ?
Tantôt de la folie elle avait le délire ;
Puis, d’une jeune fille imitant la candeur,
Comme un attrait de plus adoptait la pudeur,
De l’innocence même osait feindre les charmes ;
Mais ce cœur ignorait le mensonge des larmes,
Car il n’est plus d’espoir et point de repentir
Pour celle dont les pleurs ont appris à mentir.

Ô vous dont l’âme triste est pleine de tendresse,
Évitez les regards de cette enchanteresse !
Et vous, femmes, fuyez son dangereux séjour ;
Et toi, qui de l’hymen vois briller le beau jour,
Dans la chaîne de fleurs que tes mains ont tressée
Retiens ton jeune époux, ô jeune fiancée !
Si tu veux par l’amour le soumettre à tes lois,
Fais qu’il n’entende pas sa séduisante voix !
Le sage en la voyant perd son indifférence :
De la rendre au devoir il conçoit l’espérance ;
Car, malgré tous ses torts, sa céleste beauté
Donne à son front coupable un air de chasteté.
Déjà dans son regard l’avenir se révèle,
Ah ! bientôt réclamant sa parure nouvelle,
Ce front se cachera sous la cendre du deuil[1] !
Ils seront passagers, les jours de son orgueil !
Mais voyez quel éclat, quelle magnificence,
De cette femme impie annoncent la puissance.
Admirez ce palais orné de pampres d’or[2],
Et ces vases d’airain plus précieux encor,

  1. Mœurs des Israélites, par l’abbé Fleury.
  2. Description du Temple de Jérusalem.