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GÉRARD DE NERVAL

Gérard devait avoir bien froid : on était au mois de janvier, la Seine charriait, et il n’avait pas de manteau, il raconta a son ami que, la veille, il était entré dans un cabaret des Halles, chez Baratte ou chez Bordier, pour y attendre le jour et achever le roman qu’il avait donné à la Revue de Paris, Aurélie ou le Rêve et la Vie ; une rixe était survenue entre ses voisins de salle, des bohémiens de la pire espèce ; on avait été chercher la garde, et, comme il faisait trop froid et trop nuit, le caporal, pour n’avoir pas à séparer le bon grain de l’ivraie, ce qui lui aurait demandé du temps, avait trouvé plus court d’emmener tout le monde coucher au violon. Parmi tout ce monde, il y avait des enfants et Gérard — un autre enfant, plus innocent encore que ceux qu’on avait arrêtés cette nuit-là. Il s’était résigné d’autant plus facilement que, comme Montauciel, il savait ce que c’est que de vivre en prison. On lui avait crié de temps en temps, ainsi qu’aux autres : « Ne